Géographie, un pays de montagnes et de déserts
Grand comme trois fois la France environ, l'Iran est dominé par trois chaînes de montagnes : les fertiles et volcaniques Sabalan et Talesh au nord-ouest ; la longue chaîne du Zagros, le long de la frontière occidentale ; et l'Alborz, au nord de la capitale, d'où émergent les neiges éternelles du mont Damavand, point culminant du pays avec 5 670 m. Deux déserts - le Dasht-é Kavir (plus de 200 000 km²) et le Dasht-é Lut (plus de 166 000 km²) - occupent la majeure partie des zones nord-est et est de la plaine centrale. Au nord du pays, la mer Caspienne, avec une superficie de 370 000 km², est le plus grand "lac" du monde.
Climat
De décembre à février, les hivers peuvent être extrêmement froids dans le pays, et les chaines de montagnes sont enneigées. Les mois propices à la randonnée dans les Monts Zagross sont le cœur d’été, il n’y a plus de neige, les pâturages sont verts et les températures sont agréables.
Les journées d’été dans les plaines peuvent être très chaudes, il n’est pas rare que le thermomètre grimpe jusqu’à 40°C.
Langue
La langue nationale est le persan, langue indo-européenne également connue sous le nom de farsi. Le pays compte néanmoins un grand nombre de langues régionales comme l'azéri, le kurde, l'arabe, le lori, le baloutche ou le turkmène. La calligraphie arabe a été adaptée au persan après l'introduction de l'islam dans le pays. La grammaire farsi est relativement simple. En règle générale, l'accent tonique est placé sur le dernière syllabe.
Religion
En matière religieuse comme en matière linguistique, l'Iran a jusqu'à ces dernières décennies témoigné d'une grande diversité. Mais depuis les persécutions consécutives à la Révolution islamique, il ne subsiste plus que quelques dizaines de milliers de non-musulmans.
Dans l'Antiquité domine le mazdéisme (de Mazda, Dieu, dans la langue perse), aussi appelé zoroastrisme parce que fondé par le prophète Zarathoustra (ou Zoroastre) au VIIe siècle avant JC. Il prospère sous les Achéménides (les héritiers de Cyrus) et va survivre jusqu'à l'approche de l'An Mil avant de s'effacer presque complètement face à la poussée de l'islam.
Le judaïsme est présent en Iran dès l'époque des Achéménides, Cyrus le Grand lui-même ayant accueilli des Hébreux après leur exil de Babylone.
Le christianisme arrive en Iran dès les premiers siècles de notre ère, aujourd'hui, il n'est plus guère représenté en Iran. L'islam arrive quant à lui avec la conquête arabe, en 651, mais ne s'impose pas d'emblée. Au XVIIe siècle, l'Iran safavide (ou séfévide) accueille de nombreux Arméniens chrétiens chassés de l'empire ottoman. Leurs descendants sont encore quelques dizaines de milliers.
Plus récemment, au XIXe siècle, est sortie de l'islam iranien une nouvelle religion révélée, le bahaïsme. Le béhaïsme est une religion monothéiste dont le but est d’unir l’humanité dans sa diversité. Il a été fondé par le persan Mirzâ Husayn’Alî en 1863. En 2007, cette religion comptait environ 7 millions de membres appartenant à plus de 2100 groupes ethniques, répartis dans plus de 189 pays. La Révolution islamique l'a presque complètement chassée d'Iran (elle compterait encore 300.000 fidèles dans le pays).
L'islam, religion dominante, est très tôt sujet à des frictions. C'est que les Iraniens, forts d'un sentiment de supériorité sur les Arabes, encaissent assez mal la langue et la religion des envahisseurs. Ils finissent par rejeter la première et n'acceptent la seconde que sous sa forme factieuse, le chiisme duodécimain.
Le chiisme devient religion d'État sous la dynastie nationale des Safavides, au XVIe siècle. Aujourd'hui, il est officiellement pratiqué par 90% des 70 millions d'Iraniens, mais aussi par la majorité des Irakiens et plus de 40 millions de Pakistanais. C'est également la principale confession religieuse du Liban.
Un brin d'histoire...
- Les Achéménides (539 à 330 avant JC)
L'empire de Cyrus Le Grand laisse une impression rare d'équilibre, d'humanité et de tolérance. Cyrus et ses successeurs se montrent respectueux des libertés locales, des divinités et des traditions de leurs sujets. Ils prennent le titre de «Roi des Rois», signifiant par là qu'ils admettent d'autres souverains dans leur empire.
Grâce aux Achéménides émerge au final une grande civilisation dont témoignent les ruines de Persépolis.
Depuis que Cyrus le Grand a rassemblé tous les peuples des plateaux iraniens sous son autorité et les a entraînés à la conquête de l'Orient, de la mer Égée à l'Indus, l'Iran n'a plus cessé de rayonner sur le monde environnant.
- De l'hellénisme aux Parthes (330 avant JC à 224)
La conquête de l'empire achéménide par Alexandre le Grand débouche sur le mariage inattendu des cultures grecque et perse. Il se solde par le fractionnement de l'Orient entre différents royaumes mi-grecs mi-orientaux, autrement dit hellénistiques.
Tandis que Rome s'empare des royaumes du littoral méditerranéen, les peuples d'Iran tombent sous le joug des Parthes.
- La Perse fait son retour avec les Sassanides (224 à 651)
En 224, un pur Persan se fait couronner «Roi des rois» (Châhânchâh) sous le nom d'Ardashir 1er et établit sa capitale à Ctésiphon, en Mésopotamie. Il restaure les traditions de la Perse achéménide et refait l'unité du pays autour de la religion mazdéiste.
Ses descendants de la dynastie sassanide vont pendant quatre siècles combattre avec acharnement leurs rivaux de l'empire romain d'Orient, établis à Constantinople. À bout de forces, les uns et les autres se montreront incapables de repousser les cavaliers musulmans surgis d'Arabie après la mort de Mahomet.
- La césure musulmane (651 à 1501)
L'Iran tombe aux mains des Arabes musulmans après la bataille de Néhavend (ou Nahâvand), en 642. Il passe sous l'autorité du calife, établi dans un premier temps à Médine, puis à Damas, en Syrie.
Lorsqu'un siècle plus tard, à la faveur d'un changement dynastique, le calife, reconnu comme le chef de tous les musulmans sunnites, déplace sa capitale à Bagdad, ce sont toutes les élites musulmanes qui s'imprègnent de culture persane -sorte "d'intermède iranien". Les contes des Mille et Une nuits conservent le souvenir de ce moment privilégié de l'islam.
L'Iran musulman connaît son apogée intellectuel aux alentours de l'An Mil, avec le poète Firdousi et le savant Ibn Sînâ (Avicenne).
Au XIIIe siècle le Mongol Gengis Khan saccage le pays comme le reste de l'Asie centrale), rase les villes et détruit les systèmes d'irrigation.
- Splendeurs safavides (1501 à 1736)
L'Iran renaît avec Chah Ismaïl, un prince turc des bords de la mer Caspienne. Sa dynastie est dite safavide (ou séfévide) d'après un religieux mystique dont elle est issue, Safi al-Din. Chah Ismaïl impose le chiisme comme religion d'État, au prix de violentes persécutions contre les sunnites. L'Iran marque dès lors sa différence envers les autres États musulmans. La culture persane s'épanouit sous le règne d'Abbas 1er comme en témoignent les beaux monuments d'Ispahan, les tapis, les céramiques et les délicieuses miniatures de cette époque.
- Effacement et renouveau de l'Iran
En 1722, le pays, sur son déclin, est envahi par les Afghans, un peuple de langue persane mais de religion sunnite et à ce titre persécuté par les Safavides. Le souverain appelle à son secours un chef de bande. Celui-ci finit par s'emparer de la couronne et prend le nom de Nadir Chah. Le pays sombre dans l'anarchie. En 1796, un chef turc s'empare à son tour du titre royal et fonde la dynastie Qadjar. Les temps sont rudes. Le pays et sa nouvelle capitale, Téhéran, végètent, sans administration digne de ce nom.
Émus par la défaite de la Russie face au Japon en 1905, quelques intellectuels nationalistes décident de se remuer. Ils imposent au souverain, le 6 août 1906, la convocation d'une assemblée nationale constituante. Un premier Parlement (Majlis) entre en fonction à la fin de l'année.
C'est à ce moment que Anglais et Russes s'intéressent à l'Iran. Par l'accord du 31 août 1907, ils se partagent le pays en zones d'influence et mettent un terme à l'aventure libérale. Leur intérêt pour le pays s'accroît avec la découverte le 26 mai 1908 d'un gisement de pétrole !
- De révolution en révolution
Après la Première Guerre mondiale, un officier énergique restaure un semblant d'ordre avec le concours des Anglais. Il se fait couronner le 31 octobre 1925 sous le nom de Réza chah Pahlévi.
Grand admirateur du Turc Moustafa Kémal, il entreprend, comme lui, à marches forcées la modernisation de son pays. Pendant la Seconde Guerre mondiale, comme il refuse à l'Angleterre et à l'URSS d'acheminer du matériel à travers l'Iran, son pays est envahi le 25 août 1941 et lui-même doit abdiquer au profit de son fils Mohammed (22 ans).
En 1953, le premier ministre Mohammad Mossadegh, tente de nationaliser l'Anglo-Iranian Oil Company. C'est un fait sans précédent. Lorsque la crise pétrolière éclate en 1974, après la guerre du Kippour, le chah est le premier à réclamer une augmentation des redevances versées aux pays exportateurs, reprenant à son compte le programme de Mossadegh.
En 1978 éclatent les premières manifestations de rues. Le clergé chiite, réfractaire à une modernisation trop hâtive, les attise habilement. Son principal représentant, l'ayatollah Khomeyni, prend la tête de la République islamique après la fuite du chah.
Dès lors, confrontée aux menaces extérieures, en premier lieu celle de l'Irak de Saddam Hussein, en second lieu celle des pays sunnites du Golfe Persique, la République islamique d'Iran va tenter d'assurer son droit à l'existence par tous les moyens, y compris en mobilisant les minorités chiites des autres pays de la région.