Société et traditions : à faire ou à ne pas faire au quotidien
Si on a la chance d’être invité chez quelqu’un, certaines règles sont de mise. Par exemple, le verre (que ce soit du thé, du thé au beurre ou du chang) sera offert plein jusqu’à ras bord. La politesse voudrait qu’on en boive une gorgée, qu’on soit resservi, qu’on reboive, et ce jusqu’à 3 fois. Notons qu’ensuite, le verre un peu moins plein sera toujours rempli de nouveau après une invitation par l’hôtesse à en boire le contenu. Idéalement, il faudrait avant de partir vider complètement le verre et se lever aussitôt (de peur de voir celui-ci rempli une fois de plus !). Souvent, nous serons les seuls à manger puisque la famille attendra la fin de notre repas avant de se mettre elle aussi à table.
On ne mange jamais avec sa main gauche. C’est la main sale. Toujours utiliser la main droite.
Comme dans beaucoup de sociétés asiatiques, le pied représente une partie impure du corps et la tête une partie pure. Eviter donc de pointer quelqu’un avec les pieds, de s’asseoir aussi avec la plante du pied face à nos hôtes. De plus, il n’est pas toujours bien vu de caresser la tête des enfants (la partie la plus pure) avec les mains (déjà moins pur).
Forcément, le marchandage est de mise au Tibet. Les matrones tibétaines sont particulièrement difficiles dans la négociation. Bonne chance! N’oublions jamais que c’est un jeu, un plaisir. Notons aussi qu’il est préférable d’attendre la fin d’un voyage avant de faire les achats (surtout pour le Népal). On connaît alors mieux les prix et les vendeurs ont moins tendance à gonfler ceux-ci puisqu’on se promène moins avec les yeux gros comme des dix sous.
Perdre son calme, en Asie, est un signe de faiblesse. C’est quelque chose de honteux, pas pour celui qui reçoit la colère, mais pour celui qui la donne. C’est une bien mauvaise façon d’espérer obtenir quelque chose. Vaux mieux être patient, sourire mais s’entêter s’il le faut, mais sans jamais vraiment lever la voix.
Il est important d’être conscient de la présence chinoise dans les grandes villes tibétaines. Et d’éviter de juger trop vite. Savoir surtout que la grande majorité de ceux-ci (les immigrants récents) n’ont pas eu le choix de venir. Et aussi que les deux peuples, au niveau local, s’entendent plutôt bien (sans rien enlever ici aux terribles approximations du gouvernement chinois).
Notons la présence militaire dans le Tibet occidental. Beaucoup de ces régiments sont là depuis trop longtemps, avec des effectifs démoralisés et peu compétents. Il y a tellement peu à faire, qu’ils choisissent souvent pour se désennuyer de mettre des bâtons dans les roues des voyageurs (ou des nomades). Il n’y a rien à attendre d’eux. Le mieux est encore de les éviter.
Détail amusant ! Dans la société chinoise, il était considéré plus malpropre (et plus impoli) de se moucher dans un mouchoir (surtout ceux en tissus) et le remettre ensuite dans la poche, que de directement se moucher ou de cracher par terre. Lorsqu’on y pense bien, c’est presque logique. Mais la chose est moins visible aujourd’hui.
Religion :
La religion bouddhiste tibétaine participe à presque tous les aspects de la société. Notons qu’il existe plusieurs variantes à celle-ci, notamment entre le Tibet central (surtout géloukpa) et le Tibet de l’ouest (surtout Kagyupa). Il s’agit toujours d’un bouddhisme assez éloigné du bouddhisme originel, basant sa différence sur des emprunts à la religion traditionnelle (Bön) et donc sur le concept des divinités protectrices et des systèmes mandaliques.
Au jour le jour, cet attachement au bouddhisme se remarque surtout par une certaine douceur, un certain détachement. Ceci est surtout vrai chez les communautés monastiques, assez nombreuses. Notons qu’une femme ne devrait jamais toucher un moine ou même lui offrir directement quelque chose, mais plutôt le déposer devant lui pour qu’il le prenne ensuite. Et vice-versa pour un homme devant une nonne. Cette tradition est parfois levée devant un étranger. On doit toujours se déchausser avant de pénétrer dans un temple et préférer des pantalons ou des jupes (certaines chapelles associées à des divinités protectrices sont interdites aux femmes).
Dans le Tibet chinois, il est impérativement interdit d’offrir ou de recevoir des photos du Dalai-Lama actuel. Vous pourriez, en le faisant, causer des problèmes importants (voire un emprisonnement) à nos hôtes.
Le Royaume de Guge :
Au IXème siècle, le roi du Tibet, Langdarma, est assassiné car il s’opposait au Bouddhisme. A sa succession le Tibet se divise en plusieurs parties, ses successeurs se livrant à une guerre fratricide. Le Tibet n’est plus une monarchie mais un morcellement de territoire. Les descendants de l’un des fils de Langdarma se réfugie à l’ouest du Tibet et fondent le royaume de Ngari qui lui-même se morcèle en trois autres royaumes : Guge, Purang et Maryul. Rapidement le royaume de Guge englobe les deux autres et devient de plus en plus important d’un point de vue culturel et politique. Les villes de Töling et Tsaparang deviennent des villes importantes et influentes au Tibet. Un moine indien du nom d’Atisha est invité au XI ème siècle à la cour du royaume de Guge afin de diffuser à nouveau le bouddhisme sur tout le Tibet. Il promeut un bouddhisme strict fondé sur une lecture rigoureuse des textes. Peu à peu l’école des Kandampa est fondée et s’oppose au bouddhisme de Guru Rinpoche : l’école des Nyingmapa. L’influence du royaume de Guge sur le Tibet moderne et actuel est considérable. On considère la parole d’Atisha comme étant la seconde diffusion du bouddhisme au Tibet. Les Geloupka s’inspirèrent des textes du moine Atisha pour créer leur école fondée sur le lamaïsme que nous connaissons aujourd’hui au Tibet. Le royaume de Guge tombe peu à peu dans l’oubli depuis le XVIII ème siècle, les Geloupka ayant choisi la ville de Lhassa dans le Tibet central comme capitale économique et culturelle.