Le massif du Makay se situe au Sud-Ouest de Madagascar, il s’étant du nord au sud sur une longueur de 120 km à vol d’oiseau. Notre marche à travers ces montagnes devrait nous amener à parcourir entre 250 et 300 km à pied.
Randonner dans le massif du Makay, et qui plus est, le traverser, nous amène à fréquenter différents types de terrains.
Voici un descriptif de ces terrains et de leurs contraintes ainsi que les qualités pour les aborder car ici, il ne s’agit pas de seulement de mettre un pied devant l’autre !
Le plus caractéristique de ces terrains, sont ces canyons profonds et ces failles rectilignes qui lézardent les montagnes. Nous progressons dans de longs couloirs encaissés, parfois très étroits et avons l’impression de longer les veines de la Terre. Nous marchons dans de l’eau limpide sur un fond de sable plus ou moins mou. La fraîcheur et l’humidité entretiennent une végétation assez dense. Notre avancée est là relativement facile.
Pour accéder à ces canyons, il faut souvent traverser des amas de rochers, des troncs d’arbres, des poches de végétation qui en obstruent l’entrée. Des obstacles que nous enjambons, escaladons, contournons. Ici, nous progressons très lentement, il faut avoir, sur ce terrain, un grand sens de l’équilibre, être souple, leste et agile, le risque de chutes est grand.
La sortie des canyons n’est pas simple non plus. Pour rejoindre le plateau, nous avons identifié des passages exploitables où les bras, autant que les jambes travaillent. La montée est lente le long de la paroi, la roche friable n’est pas digne de confiance, chaque pas, chaque prise doivent être assurés. Parfois, pour notre sécurité, nous assurons un segment avec des cordes. Ici, il ne faut pas avoir le vertige ! Nous prenons le temps et toutes les précautions nécessaires, la prudence et la vigilance s’imposent.
Ca y est, nous voici sur le plateau. Un paysage grandiose s’offre à nous, ici le terme de « croûte terrestre » trouve tout son sens. Des sommets, des crêtes, des collines à perte de vue.
Ces plateaux sont rarement plats, ça monte et ça descend sans cesse. La difficulté ici est bien sûr le soleil, il peut faire bien chaud ! Mais aussi le terrain lui-même, le sol est recouvert de galets ronds, ovales qui ne demandent qu’à rouler sous les chaussures. C’est ici que le bâton de marche trouve toute son utilité. Notre progression est assez rapide, les larges plaques de grés bien rugueux dont sont recouverts les plateaux accrochent bien sous les semelles. En revanche les mains souffrent lorsqu’il s’agit de s’appuyer ou de se retenir à ce type de roche. De belles prairies d’herbes dorées recouvrent aussi ces plateaux. Il faudra éviter les « karibo », ces petites ronces, de la même couleur que l’herbe, qui griffent violement les chevilles et les mollets. Un pantalon de toile est recommandé.
Les canyons et failles sont toujours présents et coupent régulièrement notre avancée sur ces plateaux, ils nous obligent à de grands détours et bien souvent à passer sur la barrière orientale du massif. Là, nous rencontrons les saka-saka. Ce sont des successions de montées et de descentes à flancs de collines qui peuvent être pénibles. Parfois nous les contournons par le haut, mais bien souvent nous n’avons pas d’autre choix que de descendre au fond de ces petites vallées, de rentrer dans la végétation s’y trouvant, pour remonter aussitôt. Il nous est arrivé lors de nos reconnaissances d’être obligés de traverser de nombreux saka-saka dans la même journée afin de progresser dans notre direction, l’intérieur du massif étant infranchissable.
L’altitude au Makay n’est jamais importante et ne pose pas de problème. Nous naviguons en permanence entre 400 et 900m. Le sommet du massif culmine à 1000m, son ascension n’est pas au programme de notre présent trek, car, outre le fait qu’elle ne soit pas facile, elle nous prendrait trop de temps. Les montées sont souvent raides voire très raides et l’effort bien que court est intense.
Les rivières sont nombreuses à l’intérieur de ces montagnes. Le massif est entouré de trois grandes rivières, nous trouvons à l’ouest la Morondava, au sud la Mangoky, à l’est la Sakena toutes celles que nous trouverons dans le massif sont des affluents de ces trois rivières. Nous évoluons autour de cette ligne de partage des eaux. Notre route nous amène fréquemment à marcher dans ces cours d’eau. Parfois à sec, nous progressons sur du sable blanc, immaculé et un peu mou. Ca fatigue, d’autant plus que l’ombre est absente ! Certaines de ces rivières coulent toute l’année, nous marchons donc les pieds dans l’eau. Il est conseillé de conserver ses chaussures au pied afin de ne pas se blesser.
Les chaussures devront être en toile afin de sécher rapidement, montantes pour tenir la cheville, avec des semelles bien agrippantes. Nous n’avons encore pas trouvé la solution pour empêcher le sable de pénétrer la chaussure, de se frayer un chemin jusqu’aux orteils et de les compresser. Il faut souvent « vidanger » ce sable, et recommencer plus loin. La chaussure « spécial Makay » reste à inventer ! La plus approchante serait la "Pataugas". Pour marcher longtemps dans l'eau le mieux est parfois de marcher en chaussettes pour éviter de s'abîmer les pieds.
Un autre des terrains que nous traversons sont des poches de forêts sèches. Elles sont assez fréquentes et nous y pénétrons pour y découvrir leurs richesses. C’est dans cet environnement que nous avons le plus de chance d’apercevoir des lémuriens. Le gidro (fulvus fulvus) et le sifaka (propithèque blanc) habitent ces forêts. Nous précisons bien « apercevoir » car ces animaux n’étant absolument pas habitués à la présence humaine, l’observation est des plus difficile et la photographie quasi impossible.
Dans ces forêts, pas de sentiers, c’est à la machette que nous avançons. Notre progression est inévitablement lente et malaisée, il faut fréquemment se plier, enjamber et se débattre avec une végétation un peu envahissante. Attention ici aux attaques sournoises du « takilotra » ce vilain haricot poilu dont les poils très volatiles grattent terriblement. C’est la hantise des porteurs, ils sauront les détecter et vous les montrer afin de les éviter.