Dernière préparation et vérification avant d’entamer nos 6 jours d’immersion sur le fleuve. Après un briefing où il faudra être très attentif aux consignes de sécurité, nous effectuons quelques manœuvres d’entraînement avant de nous lancer dans l’aventure !
La faune est très présente dès le départ de Munyameshi, nous avons déjà fait sa connaissance à terre. Au début nous serons très impressionné par certaines rencontre à fleur d’eau, avec pour certains d’entre nous une petite montée d’adrénaline… mais rassurons nous cela ne durera pas, on s’y fait vite et on prend de l’assurance profitant ainsi pleinement du spectacle offert par la nature. En 5 jours, nous naviguerons jusqu’à Luangwa, à la frontière du Mozambique, toujours à la recherche du meilleur bivouac pour le soir. Chaque jour sera rythmé par le montage et le démontage du camp.
Le Zambèze est le 4ème fleuve d’Afrique. Il s’écoule sur 2800 km depuis sa source de Kalene Hills au nord-ouest de la Zambie jusqu’à l’Océan Indien sur la côte du Mozambique. Son cours est resté très longtemps inexploré ; ce n’est qu’en 1855 que David Livingstone découvrit le « Mosi oa Tunya » (la fumée qui gronde) des tribus Makolos, les plus hautes chutes d’eau d’Afrique, qu’il rebaptisa aussitôt du nom de sa Reine « Victoria Falls ».
Aujourd’hui le fleuve est la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe. Un barrage a été construit dans les années 60 à Kariba, créant ainsi l’immense lac Kariba (280 km de long) et noyant malheureusement une grande partie de la vallée du Zambèze, territoire traditionnel du peuple Tonga. Après le lac, le Zambèze se glisse dans les étroites gorges de Kariba avant de s’élargir à nouveau juste en amont de Chirundu.
Depuis Chirundu, le point de départ de notre aventure, le fleuve traverse la large plaine inondable du parc national de Mana Pools côté zimbabwéen, et les collines du parc national de Lower Zambezi côté zambien, puis se rétrécie aux spectaculaires gorges de Mupata. Son cours finira au Mozambique en un large delta sur l’Océan Indien.
Sur sa portion zambienne, le fleuve reçoit l’apport de deux grands affluents, la Kafue, puis la Luangwa que nous suivrons en 4x4 lors de notre retour sur Lusaka. Toute la région en aval de Chirundu, protégée par ses 2 parcs nationaux, est classée patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco, et les rives du fleuve sont très riches en faune.
Récit d'une journée type....
"Le camp s’anime doucement aux premières lueurs du jour. Tandis qu’un soleil orangé pointe déjà au dessus de la ligne plus sombre des forêts, nous prenons un thé, des biscuits et parlons de la nuit qui vient de s’écouler : les hyènes et les hippopotames ont donné un véritable concert sur deux tons… Après avoir démonté le camp, nous chargeons les canoës et jetons un dernier regard vers nos voisins les buffles...Cette plage avait un petit air de paradis…
Nous partons tranquillement pour les deux premières heures sur le fleuve, les plus belles avec celles de la fin d’après-midi. La lumière est encore douce et les animaux s’activent de toutes parts. Nous naviguons à notre rythme, tantôt le long de la rive zambienne, tantôt dans les eaux zimbabwéennes. Avec les canoës, nous nous glissons silencieusement dans les nombreux canaux et îlots bordant le lit principal du Zambèze. Eléphants, buffles, hippopotames, cobes, toute la faune africaine est là, incroyablement présente et vivante, c’est un spectacle rassurant pour son avenir. Un grand troupeau d’éléphants se baigne dans un large chenal, nous collons tous nos canoës les uns contre les autres formant comme un radeau et nous laissant dériver jusqu’à eux, pas un bruit, impressions de plénitude et d’harmonie…
Deux heures plus tard, nous nous arrêtons sur la berge pour prendre un copieux petit-déjeuner. 0eufs, bacon, « beans », fruits, tout le monde s’y met pour préparer ce vrai petit repas. Comme le soleil n’est pas encore très haut nous partons marcher dans la forêt riveraine. Personne… et nous croisons le chemin d’un buffle solitaire, arrêt, nous nous regroupons, il nous fixe, hume l’air de son museau dressé, puis il part en trottinant, presque dédaigneux. Un peu plus loin, près d’un petit lagon, nous pouvons observer à loisir les cobes et les impalas dans les hautes herbes. Un hippopotame traverse à grand bruit, probablement un de ceux qui nous barraient le chenal tout à l’heure... Retour vers le camp où un groupe de babouins curieux nous rend une visite amicale. Il est maintenant 10h00 et nous repartons sur le fleuve…
Nous donnons nos derniers coups de pagaies vers 17h00, profitant pleinement de la nature environnante. Progressivement la lumière va décliner jusqu’au rose orangé et les animaux vont se rapprocher encore plus du fleuve pour notre plus grand plaisir. Nous accostons sur les berges du fleuve où sur une île et installons tous ensemble le camp du soir sur une plage de sable. Un thé ou un café à la main nous regardons un troupeau de buffles qui se désaltère en face de notre camp. Dans peu de temps, le soleil aura disparu derrière les crêtes laissant la place à un ciel immense et constellé d’étoiles, une nouvelle nuit enveloppera la brousse. Nous serons bercés par les cris de la faune omniprésente…"
NB : les étapes sont données à titre indicatif. Seul notre guide zimbabwéen aura autorité pour choisir les lieux de bivouac, en fonction des conditions de navigation sur le fleuve (vents, courants, observations animalière…) et du rythme de l’ensemble du groupe.
En fin d’après midi du jour 5 nous arriverons dans les spectaculaires Gorges de Mupata. Le paysage va changer : la plaine inondable et les forêts claires vont céder la place aux collines sèches et arrondies couvertes de baobabs. Des falaises rougeâtres sont le nid de nombreux oiseaux dont l’aigle noir (aigle de Verreaux) que nous aurons peut être l’occasion d’observer. Les Gorges de Mupata ne forment pas un couloir de type canyon mais l’escarpement qui était notre horizon lointain depuis le départ de l’expédition s’est rapproché du fleuve qui ne mesure plus que quelques centaines de mètres de large. La faune reste très abondante, éléphants, cobes, hippopotames… les grands koudous sont plus nombreux. Nous prenons notre temps dans ce cadre époustouflant avant notre dernier jour de navigation vers le Red Cliff Lodge. Une halte s’impose alors sur la plage de la « Gate ». Les marchands portugais du 19e siècle appelaient ce lieu magique la « Porte » en raison des deux grandes barres rocheuses qui marquent l’entrée des Gorges lorsqu’on vient de l’aval, par le Mozambique tout proche. Ces commerçants aventuriers venaient jusqu’ici en pirogues pour échanger or et ivoire mais ne s’aventuraient jamais au delà, sur ce territoire que nous venons de traverser en 6 jours…
(voir détails en fin de carnet de bord)